« Désarmons les mots et contribuons à désarmer la Terre. »

Le pape Léon XIV s’adressait ainsi aux représentants des médias le 12 mai 2025 :

« Désarmons la communication de tout préjugé, rancœur, fanatisme et haine ; purifions-la de toute agression. Nous n’avons pas besoin d’une communication tonitruante et musclée, mais plutôt d’une communication capable d’écouter, de recueillir la voix des faibles qui n’ont pas de voix. Désarmons les mots et contribuons à désarmer la Terre. »

Cette déclaration du pape me rappelle des paroles de Jésus, qui me sont chères, dans les écrits de Jean, mon évangéliste préféré :

« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous ferons une demeure. » (Jean 14, 23)

Ce récit décrit une structure de paix : une posture d’écoute et de réception, en opposition à une autre structure, que le récit présente plus loin, marquée par le bouleversement et la frayeur.

« Désarmons les mots et contribuons à désarmer la Terre. »

Ce que le pape Léon XIV désigne ici, c’est une structure de guerre par la parole, et cette guerre plonge ses racines dans la peur et l’insécurité. Elle pousse à instaurer son autorité par la force, et dans ce cas-ci, par la violence des mots.

La théologienne Anne Fortin nommait clairement cette posture lorsqu’elle observait que la structure narrative la plus parfaitement opposée à la parole de Jésus est celle du commérage. Pourquoi ? Parce que le commérage ne cherche pas à faire la lumière sur les événements, à découvrir la vérité ou à rendre justice. Il cherche à juger, condamner, discréditer, humilier et exclure.

Le commérage est une parole de guerre, une parole de mort, déguisée en apparence de bon jugement ou de gros bon sens. Ce sont des mots devenus armes.

« Désarmons les mots et contribuons à désarmer la guerre. »

Comment Jésus agit-il avec ceux qui vivent des difficultés ? En les condamnant ? Non ! Il les regarde avec bienveillance. Il guérit, relève et les réintroduit dans la communauté, leur redonnant ainsi leur dignité.

Pour répondre à l’appel que Jésus nous lance, il faut d’abord se poser cette question que soulève le récit : À partir de quelle "demeure" en nous prenons-nous la parole ? À partir d’un lieu de bouleversement et de frayeur ? Ou à partir d’un espace de paix et de joie ?

Vous devinez que la teneur de nos prises de parole dépend de la demeure intérieure à partir de laquelle nous les forgeons. Afin que notre demeure soit dans la paix et la joie, Jésus nous invite à le laisser, Lui et son Père, venir habiter nos peurs et nos insécurités, pour que nous puissions les regarder avec bienveillance, les adoucir, les apaiser.

Et lorsque nous aurons laissé ainsi l’Évangile nous traverser, notre langue se déliera. Nous parlerons alors des paroles de paix, spontanément et naturellement, saisissant et compatissant au passage que chaque humain doit traverser pour passer du lieu de la souffrance et de la mort à celui de la vie, de la paix et de la joie.

Comme le rappelle ce récit, il n’y a ni grand ni petit, car nous sommes tous égaux dans la dynamique de paix, c’est-à-dire dans la réception du Père, du Fils et de l’Esprit Saint.

Laissons l’Évangile nous traverser afin de répondre à l’interpellation de notre pasteur, le pape Léon XIV, et devenons des femmes et des hommes de paix.

« Désarmons les mots et contribuons à désarmer la terre. »